Voilà plusieurs jours que j’ai été sollicité par Jean-Michel, un jeune cycliste de 60 ans qui, semble-t-il, me suit depuis un moment sur Strava et qui m’a demandé si nous pouvions envisager une sortie ensemble. Evidemment, je ne me suis pas fait prier pour répondre favorablement à sa demande car c’est plus ou moins comme ça que j’ai fait les plus belles rencontres (Thierry, Jean-Luc, Alain et Marc, à peu près dans cet ordre chronologique) et que j’ai apprécié les réactions en chaîne, notamment au sein d’Ô Gravel. Au point que je n’aime plus rouler seul et que je préfère de loin ces moments de partage et de découverte.
La rencontre a été repoussée plusieurs fois pour diverses raisons mais finalement, nous avons trouvé une date qui correspondait au planning de chacun et j’ai pensé qu’Alain se ferait une joie de nous accompagner, malgré une petite forme consécutive à son très récent mal de dos. J’ai donc préparé la veille une trace qui serait dans ses cordes et où je ne l’ai encore jamais emmené jusque là et qui est, selon moi, l’un des coins les plus intéressants au départ de St-Jean, à savoir Vacquiers et la forêt royale en longeant le Bois de Preissac et en passant par la forêt de Montberon. J’y ai également identifié plusieurs solutions de repli au cas où l’un d’entre nous éprouverait des difficultés. Avec du recul, je sais maintenant que Jean-Michel est quelqu’un de très modeste et qu’il est bien plus affuté que ce qu’il dit ou pense, mais ça je l’ignorait avant de rouler avec lui.
Ce que j’ignorais surtout, c’était qu’il allait pleuvoir durant la nuit alors que les conditions météo étaient annoncées comme étant bonnes. C’est donc en descendant au garage pour finir de préparer mon matériel et mon équipement que j’ai découvert que le sol était bien mouillé et le cerveau n’a pas suivi : j’aurais dû renoncer au Bois de Preissac car, même par beau temps, il est technique et comporte deux ou trois passages exigeants.
Première alerte : j’ai perdu ma roue avant dans la même descente abrupte où Marie est déjà allée au sol, bien avant la chute qui lui a valu une fracture de la clavicule. Plus de peur que de mal, j’ai surtout dévalé le reste de la pente sur le flanc, sans bobo apparent : juste quelques égratignures. Mes deux compères ne se sont donc pas risqués à m’imiter et sont descendus à pieds. Nous avons donc poursuivi et j’ai ouvert la route puisque je connaissais le terrain, prévenant au passage que le chemin était en léger devers et que les racines étaient très glissantes. J’avais presque atteint la sortie du bois lorsque j’ai entendu des appels, au loin. Alain venait de chuter à son tour et lorsque je suis revenu à sa hauteur, j’ai tout de suite compris qu’il ne s’agissait pas d’une simple glissade sans conséquence. Jean-Michel qui était entre nous deux était déjà auprès de lui et nous l’avons aidé à se remettre debout. Il n’était déjà plus question de continuer mais plutôt de sortir du bois et de voir comment nous pourrions rejoindre la route car Alain se plaignait d’avoir mal à la nuque et je le connais assez pour savoir que ce n’était pas anodin. Nous n’étions heureusement pas trop loin de l’habitation de ses beaux-parents et il est courageusement remonté sur son vélo avec un maximum d’assistance électrique. Son beau-père l’a finalement conduit aux urgences et le verdict est tombé comme un couperet : fracture de la C3 !
Evidemment, la première chose à laquelle on pense, c’est la conséquence immédiate sur les projets : fini le vélo pour un bon moment, oublié le projet de randonnée que nous avons déjà dû repousser deux fois en raison de la pénurie de carburant. Mais avec du recul, Alain s’en tire bien car ça aurait pu être bien plus grave et à bien y réfléchir, nous aurions même dû le laisser au sol et appeler le SAMU sans le relever et sans l’aider à se déplacer.
Une fois Alain pris en charge, nous avons décidé d’abandonner cet itinéraire et de nous rabattre sur quelque chose de plus tranquille. Avec Jean-Michel, je n’avais que l’embarras du choix puisqu’il ne connaissait pas ce coin et que nous n’avions jamais roulé ensemble. Je lui ai donc fait découvrir certains de mes spots préférés comme le chemin de Pesquié, la Tuilerie, les coteaux du Girou et le bois de la Reule. Visiblement, ça lui a bien plu, même si ça n’a rien de comparable avec ce que j’espérais leur faire découvrir initialement.
Belle rencontre donc avec Jean-Michel et ça restera le seul point positif de la journée car évidemment, le fait de savoir Alain aux urgences a considérablement gâché la fête et je me sentais un peu coupable de n’avoir pas su anticiper ou réagir de manière appropriée en découvrant l’état du terrain. Cela étant dit, la pratique sportive en général et celle du cyclisme en particulier, quelle qu’en soit la forme, n’est jamais sans risque. On va simplement dire : pas de bol !