L’idée de départ était de rouler un peu avec Marie car le Toulouse Grand Tour approche, nous sommes tous les deux engagés sur le parcours de 100 km que nous fermons et elle n’a pas beaucoup roulé ces derniers temps à cause de la météo tellement défavorable. Même si elle le fait en VAE, elle risque tout de même de manquer un peu d’entraînement sur un aussi long parcours. Toujours est-il que les fortes rafales de vent, le risque de pluie et le probable mauvais état des chemins ont encore eu raison de sa volonté aujourd’hui et j’ai donc dû me résoudre à partir seul.
Pour la peine, j’ai donc décidé d’aller reconnaitre une trace que m’a récemment communiqué mon ami Thierry car mon vélo de gravel sort tout juste de l’atelier de Lionel qui a remplacé mon boîtier de pédalier PressFit défectueux par un BottomFit haut de gamme à 3 pièces. Du coup, je suis toujours en pneus slick de 32 mm montés pour la Race Across Paris et je n’ai pas eu le temps de commander les nouveaux pneus tubeless Hutchinson Tundra 700×40, les disques de freins et le liquide préventif pour équiper ma deuxième paire de roues pour le gravel. J’ai donc pris mon vieux VTT Lapierre qui est parfait pour rouler sur du gras.
Gras ?… A ma très grande surprise, pas tant que ça finalement, du moins tant qu’on reste en-dehors des forêts car ces dernières restent très humides après de longs épisodes pluvieux comme nous en avons connu ces dernières semaines. Aujourd’hui, le vent d’ouest est particulièrement fort : il souffle en rafales violentes, ce qui a au moins le mérite de sécher les secteurs exposés. Pas de mauvaise surprise donc, lorsque je me suis engagé sur le premier segment offroad de la trace, lechemin blanc du Parc de Malpas, car je l’ai déjà emprunté à plusieurs reprises la semaine passée. Par contre, je m’attendais vraiment à traverser le segment de Rivière Longue entre le golf St-Gabriel et Beaupuy dans la gadoue, comme c’est souvent le cas. J’ai juste dû conrtourner quelques petites flaques résiduelles mais ça passe facilement.
C’est de bon augure pour la suite et je commence à regretter de ne pas avoir insisté auprès de Marie qui aurait facilement pu me suivre. Le chemin du Ferrère qui monte jusqu’à St-Martial-Nord, puis le chemin de l’Huilerie sont dans le même état, c’est-à-dire presque secs. Tant mieux car le sol est argileux dans le secteur et quand les chemins sont mouillés, la boue reste collée aux roues, parfois jusqu’à les empêcher de tourner.
Je croyais plus ou moins connaître la majorité des chemins qui se trouvent dans un rayon de 25 km de mon lieu de résidence mais je m’aperçois qu’il en manque encore pas mal à ma collection et justement, me voilà en train de l’enrichir de quelques nouvelles pépites, certaines probablement oubliées mais d’autres parfaitement inconnues comme ce superbe single qui longe la forêt de Pin-Balma. Certes, l’entrée est bien cachée et le panneau d’interdiction aux cyclistes est quelque peu dissuasif mais la route ne fait que quelques mètres, il n’y a absolument personne et le bois ne fait pas l’objet de cette interdiction. Par contre, le sol est bien gras et les roues commencent à se charger de boue : ce n’est rien comparé à ce qui m’attendra un peu plus tard. Pour l’heure, à la sortie du bois, je retrouve une route que je connais bien : celle qui monte au Château d’Aufréry.
Les choses se compliquent vraiment lorsque je quitte la route qui passe à proximité du Lac de Flourens pour se diriger vers Quint-Fontsegrives en passant par un magnifique single longeant le Ruisseau du Grand Port de Mer. Les quelques premières centaines de mètres sont terribles et me paraissentdurer une éternité. Non seulement le sol est détrempé et n’offre aucune adhérence, mais de nombreux arbres sont couchés en travers du chemin tortueux. Par temps sec, ce doit être une pépite que l’on aimerait traverser avec le sourire mais là, c’est un calvaire. Je suis obligé de baisser ma tige de selle pour rester en équilibre et ne pas passer par-dessus le cintre et à plusieurs endroits, je dois pousser, porter et même traverser à gué ce qui semble ressembler à un petit ruisseau temporaire formé par l’écoulement des eaux. Je ne suis pas loin de rebrousser chemin lorsque je trouve enfin un terrain un peu plus favorable. Hé hé, même pas tombé, jusque là ! Mais je n’ai pas le temps de me réjouir à cette idée que je heurte violemment une barre de fer plantée dans le sol et complètement masquée par les herbes hautes. C’est la pédale droite qui a encaissé le choc et elle n’a heureusement pas cassé mais je n’ose imaginé ce qui se serait passé si cela avait été la roue avant ou le pédalier. J’ai arraché les herbes tout autour pour qu’il soit visible mais ce piège mortel ne devrait vraiment pas être là.
En poursuivant ma route, je découvre de nouveaux segments typés gravel ou vtt totalement inconnus et qui me permettent de contourner Quint-Fonsegrives pour rejoindre les berges de la Saune. Juste avant cela, je croise un groupe de jeunes enfants, visiblement des élèves d’une école et je reconnais instantanément l’une des deux personnes qui les encadre : c’est Christopher, l’un des deux moniteurs de la Vélo Ecole de la Maison du Vélo avec qui j’apprends à rouler à des adultes. Le monde est petit ! Tellement petit que Christopher m’apprend qu’Alex est un peu plus loin avec un autre groupe, ce même Alex que j’ai également eu la surprise de rencontrer il y a quelques jours dans la montée du Col des Ares avec Thierry, les élèves de l’école de Lapeyrouse-Fossat et quelques parents d’élèves. Je n’ai malheuresement pas retrouvé Alex qui a sans doute emprunté un autre itinéraire que moi. Je ne manquerai cependant pas de l’appeler ou de lui envoyer un peit message au cas où l’anecdote ne lui serait pas rapportée. Je devrais d’ailleurs le revoir bientôt car il s’est inscrit sur l’un des parcours du Grand Tour.
Après avoir roulé un bon moment le long de la Saune, je monte alors vers Lauzerville : c’est du bitume mais ça grimpe bien avant de redescendre vers Auzielle. Je longe ensuite la Marcaissonne par les chemins de Noubel puis de Moussaynes jusqu’à proximité d’Odars et de Préserville. Ce sont les fameux chemins du SICOVAL si bien entretenus et tant de fois empruntés. Après avoir traversé la Marcaissonne, on repart dans l’autre sens sur l’autre rive pour aller cherchercher St-Orens de Gameville.
Je me croyais en terrain connu quand la trace me conduit une nouvelle fois vers des endroits jamais traversés entre Cayras, Catala et l’aérodrôme de Toulouse-Lasbordes après lequel je retrouve les berges de l’Hers, Balma-Gramont, le Lac de St-Caprais et… ET téléphone maison !
Pas loin de 5 heures pour faire à peine un peu plus de 60 kilomètres : certes, il y a eu de nombreux arrêts photos, des passages à pieds, un vent à décorner les boeufs sur quasiment tout le trajet retour mais quand même, 14 km/h de moyenne à peine. Je me sens plus fatigué qu’après avoir bouclé les 320 km de la Race Across Paris, j’ai des douleurs dans les deux genoux parce que je n’ai pas remonté la tige de selle après les passages difficiles, une petite blessure à l’aine qui refuse de guérir et je me demande maintenant comment je vais m’y prendre pour rouler chaque jour restant de la semaine ? On verra ça demain, après une bonne nuit de sommeil.