La nuit sur le site des Argoulets a été plutôt très courte ! Les derniers préparatifs se sont terminés bien tard et comme convenu, Thierry, Christophe, Alain et moi sommes restés sur place car bien entendu, il n’était pas question de laisser tout ce matériel sans surveillance. A défaut de bikepacking, j’ai donc fait du sitepacking, Alain ayant préféré l’option camping car. La proximité d’un cirque, le passage des noctambules plus ou moins bruyants et alcolisés, les moustiques attirés par les lumières des projecteurs et certainement aussi l’inquiétude de s’endormir trop profondément, tout cela a fait que j’ai eu énormément de mal à trouver le sommeil. Je n’ai pas dormi beaucoup plus de 1h30 et encore, en deux ou trois étapes.
Branle-bas de combat vers 4:30 du matin : à peine le temps de brancher la machine à café et de sortir les viennoiseries que voilà déjà les premiers participants de la boucle de 200 km. Les plus pressés d’en découdre sont partis à peine une trentaine de minutes plus tard, au risque de passer le premier ravitaillement avant que les bénévoles ne soient sur place. Sur les 74 inscrits, quelques uns ne sont finalement pas venus, certains sans prendre le soin d’avertir l’organisation ce qui n’est pas très sympa car Ludo a dû attendre qu’on ait appelé le dernier avant qu’il puisse partir pour fermer le circuit.
Sur la boucle du 100 km, c’est à Marie et à moi qu’incombait cette responsabilité, Julien et Frédéric partant un peu avant nous pour faire un reportage photo sur plusieurs parcours dont le nôtre. Nous ne les avons d’ailleurs pas revus avant l’arrivée. Je suis donc parti peu avant 10 heures, quelques temps après le dernier inscrit et comme convenu la veille, j’ai récupéré Marie à la hauteur du Golf St-Gabriel.
J’avais reconnu le parcours dans sa totalité quelques jours auparavant. J’en connaissais donc les moindres détails et même si Thierry, sur mes recommandations, avait retouché l’itinéraire pour proposer une alternative plus roulante là où je lui avait rapporté un état du terrain impraticable, je savais parfaitement quelles difficultés nous attendaient. L’épouvantail était évidemment la terrible montée au sommet de Montjoire par le fameux chemin de Mirepoix et ses 17 à 20% d’inclinaison dans la partie finale. Nous avions le temps d’y penser puisque celle-ci ne se présentait qu’au soixantième kilomètre. Avant elle, il nous fallait passer quelques pétards bien sympathiques, eux aussi, notamment la redoutable côte des Nauzes, toujours un peu humide dans le bas, et la tout aussi éprouvante montée sous Estella Sud jusqu’au cimetière de Castelmaurou. La pente est ensuite un peu plus douce jusqu’à la gare de Montastruc-la-Conseillère où Fabien et Pascal nous attendaient pour le premier ravitaillement. A mon grand étonnement, Marie a passé toutes les difficultés avec une aisance déconcertante et je n’ai pas fini d’être surpris.
3 participants retardataires sont partis après nous et nous nous sommes assurés qu’ils aient eux aussi rejoint le ravitaillement avant de reprendre la route. Nous avons donc laissé filer le groupe pour continuer à notre rythme sans trop nous préoccuper des autres.
Entre les 30ème et le 60ème kilomètres, peu de grosses difficultés, même si la sortie de Montastruc en direction de Roquesérière pique bien, elle aussi. Ce sont plutôt des montagnes russes qui nous attendent et je m’aperçois en progressant que Thierry a bien enlevé la majeure partie des passages trop boueux et donc problématiques que je lui avais signalés, photos à l’appui. D’une certaine façon, c’est un peu dommage car certains passages en sous-bois sont de véritables petites pépites, mais l’idée est aussi que tout le monde y prenne du plaisir et revienne avec le sourire l’année suivante. Au lieu-dit Coupiac, nous avons donc directement rejoint Sallebasse sans longer l’A68 et sans passer par la forêt. L’entrée dans la Forêt de Buzet s’est faite par le parking Sud et non pas par le chemin de Buzet, donc Marie n’a pas eu l’occasion de se rappeler de mauvais souvenirs puisqu’elle n’a pas non plus eu à traverser l’endroit où elle a fait sa terrible chute, à la fin du mois d’août 2022. Jusque là, Thierry s’est néanmoins efforcé de conserver l’essentiel de la trace originale et il faut tout de même souligner que le parcours a eu le temps de bien s’assécher.
Comme prévu, la montée de Montjoire n’a pas été simple… sauf pour Marie ! Pour le coup, elle m’a véritablement époustouflé quand je l’ai vu partir devant moi en appuyant sur les pédales comme une forcenée et elle est arrivée au sommet de la pente sans poser pied à terre dans le passage le plus difficile, 400 mètres entre 17% et 20% dans l’herbe et les cailloux. Certains diront que l’assistance électrique y est pour quelque chose et je mentirais si j’affirmais le contraire, mais tout de même, ça demande une certaine adresse et beaucoup de volonté pour rester en selle au plus fort de la pente. Sur les quelques photos que j’ai vues, beaucoup poussaient déjà le vélo un bon kilomètre plus bas, là où l’inclinaison était bien moindre.
Deuxième ravitaillement sous forme de repas à Montjoire où nous retrouvons le groupe qui est parti devant nous à Montastruc. L’ambiance est très conviviale et après nous être restaurés, nous avons donné un petit coup de main aux trois charmantes bénévoles pour porter le plus lourd jusqu’au fourgon garé un peu plus loin avant de reprendre la route.
Après une belle descente qui permet de ne pas tout de suite reprendre dans le dur, nous traversons la Forêt Royale sans rencontrer beaucoup d’obstacles. C’est un pur bonheur de parcourir ces petits chemins tortueux à travers bois et Marie semble se régaler autant que moi. Je commence seulement à comprendre pourquoi elle tient tant à finir les 100 kilomètres du circuit : ma reconnaissance préalable dans des conditions tellement différentes m’avait convaincu que ce serait bien trop difficile pour elle et je lui avais recommandé avec insistance de se rabattre sur la boucle des 56 kilomètres. Elle voulait tout simplement me prouver qu’elle en était capable. Sachant que la traversée du bois de Pechbonnieu jusqu’à Montberon serait totalement revisitée car la trace originale passait par un single totalement détrempé, je savais maintenant qu’elle en viendrait à bout, même s’il restait encore quelques belles bosses à passer. La difficulté n’est pas toujours perceptible en consultant le profil sur une carte mais sur le terrain, elle est bien réelle et il faut parfois s’arracher pour venir à bout d’un petit raidillon de 300 m à 12% quand les roues tournent dans le vide sur l’herbe mouillée et que l’équilibre est précaire.
Contrairement à ce qui était annoncé par les bulletins météo les plus optimistes, même la pluie nous aura épargné et si le vent n’avait pas été aussi fort et défavorable sur une bonne partie du parcours, les conditions auraient été idéales. A partir de Launaguet, la fin du parcours est assez facile et à dominante semi-urbaine. J’en ai presque oublié le 3ème et dernier ravitaillement à moins de 15 kilomètres du but. Nous rejoignons l’arrivée une bonne heure avant le meilleur horaire que j’avais prévu. Nous avons donc largement le temps de prendre une bonne petite bière bien méritée et d’échanger nos impressions avec les copains et les copines avant de repartir pour nous doucher à la maison.
A 20 heures, nous revenons pour participer au repas de clotûre préparé par les Terres de France, l’un de nos partenaires majeurs. L’occasion de passer un bon moment, de remercier tous ceux qui ont participé à la préparation et à la réalisation de cet événement, de nous féliciter mutuellement et de nous donner rendez-vous pour une prochaine occasion. Exceptionnellement, nous demandons un bon de sortie à Thierry pour rentrer un peu plus tôt que prévu : avec près de 40 bénévoles, il y aura bien assez de monde pour démonter le campement et ranger tout le matériel, je crois que j’ai fait ma part et un peu plus, sans compter que la majorité des bénévoles n’étaient pas sur le circuit.
Bravo à tou(te)s et mention spéciale à Thierry sans qui rien de tout cela n’existerait. Bravo aussi à ma petite chérie qui m’a véritablement impressionné et qui ne va certainement pas demander son reste, ce soir : record de distance et de dénivelé très largement battus !
2 comments
Malinovsky Alain
Bravo les 2 jeunots pour cette boucle terminée de 100km. Qd Jacques dit être impressionné je vais le croire, dédicace à Marie énormes félicitations 👍👍👏👏👏👏🚴🚴🚴🚴
Jack
Elle lira ces lignes en se réveillant, merci pour elle, Alain.
Au plaisir de faire un petit tour, tous les trois, les beaux jours arrivent enfin !