La principale difficulté quand on intègre une association comme l’AVH qui organise des sorties en tandem pour les déficients visuels, c’est de former des équipages constitués d’autant de pilotes voyants que de copilotes non voyants ou malvoyants. Nous avons beau avoir un planning où chacun peut s’inscrire, il est très rare d’en avoir exactement le même nombre.
Quand il y a plus de pilotes que de copilotes, quelqu’un doit se sacrifier (ou éventuellement accompagner les équipages retenus en solo) et c’était mon cas. Quand au contraire, il y a plus de copilotes que de pilotes, on fait généralement appel à des volontaires. Et quand il y a des erreurs ou des désistements, cela peut vite engendrer frustration et/ou mécontentement. Ce n’est jamais agréable de rester sur la touche alors qu’on vient parfois de loin. Moi, j’essaie d’être aussi flexible et disponible que possible et quand Thaddée, l’un des pilotes retenus pour cet après-midi, a émis la possibilité de devoir renoncer en raison d’un nouveau mouvement des agriculteurs en colère, je me suis proposé pour le remplacer au pied levé en dépit de mes petits problèmes de genou et de cuisse. Il m’a confirmé qu’il ne viendrait pas vers 9h30, comme convenu la veille et il me restait donc près de 3 heures pour me préparer et rejoindre le groupe au siège de l’AVH.
Je commence à m’habituer au trajet dans la circulation. Toulouse propose de nombreuses pistes ou bandes cyclables ou des voies vertes, ce qui offre tout de même une relative sécurité mais il faut rester très attentif malgré tout.
Aujourd’hui, j’ai donc roulé avec Philippe, malvoyant. C’était notre première rencontre sur un tandem et nous avons fait connaissance en pédalant. Les sujets de discussion sont très nombreux et la communication est bien plus facile que je ne l’imaginais. Pas de tabou ou de mots particuliers à éviter. Je cherche toujours à savoir quel est le niveau de handicap pour essayer de m’adapter au mieux à chaque situation. Rouler avec des personnes privées de la vue est finalement bien plus facile que de rouler avec des personnes en situation de handicap comme mes petits pensionnaires de la Fondation Marie-Louise. La communication avec certains d’entre eux est beaucoup moins naturelle, voire difficile et surtout, ils sont parfois moins prévisibles.
Certes, dans tous les cas, je m’interdis toujours de lâcher le guidon pour ne pas perdre le contrôle du tandem et je suis bien conscient que je dois voir pour deux et tenter d’anticiper tous les dangers de la route mais rouler avec un déficient visuel n’est finalement pas plus compliqué que cela, en tout cas avec les personnes avec qui j’ai formé un équipage jusque là (Sophie, Francis et maintenant Philippe). Après 3 sorties, je crois même pouvoir affirmer que mon pilotage s’améliore à chaque nouvelle balade car j’en ai assimilé les principes de base et la manière de communiquer entre nous.
Le Canal du Midi étant fermé à la circulation pour deux semaines entre Ramonville et Castanet, nous avons cette fois emprunté le Canal de Garonne qui n’est autre que la partie du Canal des Deux Mers qui relie Toulouse à l’Atlantique, l’autre partie rejoignant bien sûr la Mer Méditerranée depuis la ville rose. Arrivés à l’écluse de Lespinasse certains souhaitaient faire demi-tour pour ne pas risquer de louper leur correspondance car évidemment, la plupart des copilotes ne sont pas en mesure de se déplacer en autonomie et se font donc conduire et ramener chez eux. Philippe et moi avons été victimes d’une crevaison (il en fallait bien une première donc, autant s’en affranchir de suite pour ne plus avoir à y penser) donc nous avons pris un peu de retard, le temps de réparer. D’autres, au contraire, souhaitaient poursuivre le périple jusqu’à la prochaine écluse, c’est à dire celle de St-Jory. Nous avons donc procédé à quelques échanges de copilotes et finalement, je me suis retrouvé avec Sophie, pour mon plus grand plaisir. Nous nous entendons comme larrons en foire après seulement quelques jours et aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est comme si nous nous connaissions depuis toujours. Les plaisanteries allaient d’ailleurs bon train sur le chemin du retour, malgré une cadence plutôt soutenue.
De retour au siège, je suis resté un peu avec quelques personnes car j’avais rendez-vous à 17h30 à la Maison du Vélo pour assister à ma première réunion de bénévoles. J’y ai d’ailleurs retrouvé Benoît mais aussi Alex avec qui j’ai participé à mes deux premiers cours collectifs pour adultes.
Retour à la maison vers 20h00, dans la nuit et éclairé par mon phare avant. Au final, un peu plus de 60 kilomètres dont plus de 40 en tandem et le reste avec mon vélo de gravel. J’ai encore et toujours ressenti d’assez vives douleurs dans le genou droit dès que je devais appuyer un peu plus fort que d’habitude sur les pédales et je ne sais plus très bien si je ferais mieux de me reposer quelques temps ou si je dois continuer à rouler, peut-être davantage en douceur, pour ne pas arriver hors de forme à la Race Across Paris dans 39 jours.
2 commentaires
Vignau Jean-Luc
Salut les amis du vélo, en fait Jacques j’ai lu ton reportage et vu les photos. J’ai regardé aussi le parcours par le satellite belle sortie !!
Jean-Luc
Jack
Merci Jean-Luc